Galère heureuse.

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Par Solal Maman
28 juin · 2 mn à lire
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Les soirs des uns sont les matins des autres.

Où la politique est trop incontournable pour que je n'en parle pas.

Je ne suis pas sûr d’aimer la politique pour les bonnes raisons. 

J’ai commencé à la connaître par les manifestations auxquelles ma mère institutrice m’emmenait, place de la République. L’odeur des merguez, le rouge des drapeaux que je ne lisais pas, la musique entrecoupée de slogans scandés au mégaphone et la foule qui les répétait sans que je les comprenne. 

Plus tard, vers mes dix ans, j’ai découvert à la campagne une pile de vidéo-cassettes. Le Bébête Show et les Guignols de l’Info, jusqu’à 2002 à peu près. Des cassettes que feu mon grand-père avait enregistrées pour les donner à sa fille, pour qu’elle les voie au Japon où je suis né. Je crois pouvoir dire que tout ce que je sais de la politique française part de là. D’un théâtre désopilant où des marionnettes se cherchaient des poux autour d’un comptoir, sans donner l’impression de se détester vraiment.

J’y ai découvert Mitterrand et son petit crème, Balladur et son Viandox, Chirac et Sarkozy (mais aussi Raymond Barre, Rocard, Jacques Toubon voire même Séguin ou Villiers). Ils me faisaient énormément rire et sont devenus avec le temps des compagnons. Lorsque je ne comprenais pas une blague, il m’arrivait d’en chercher le sens dans des livres d’histoire. En grandissant, j’ai fini par m’intéresser à la vraie politique, celle qui avait lieu en direct et qui voyait le règne de Chirac toucher à sa fin. C’était l’époque des belles campagnes de Ségolène et de Sarkozy (ce sauveur de la droite dont je savais grâce aux Guignols combien il était méprisé quelques années plus tôt). J’assistais à tout ça en attendant la chute de la blague.

Puis il fut 20h et ma mère pleura ; Sarkozy était président de la République. Je ne savais pas que ce que je trouvais si drôle pouvait autant blesser. J’ai compris que ma mère était de gauche, vraiment de gauche. Je crois qu’elle avait mal car elle le soupçonnait d’être raciste, et savait qu’il allait toucher à sa retraite. Je n’ai pas su quoi dire, quoi faire : comment était-il possible que cet homme dont la couardise m’avait tant fait rire semât tant de vraie peine ?

Revint alors le temps des manifestations pour ma mère, de la lutte et de la grève générale, mais cette furtive apparition du tragique avait bouleversé mon rapport à la politique : quelque chose d’aussi grave valait bien qu’on s’y penche.

Je m’y suis penché depuis. Il est même possible que je n’aie jamais cessé de m’y pencher, tant ce spectacle est passionnant. J’ai remarqué qu’il était peu de domaines où les avis de chacun étaient aussi divers, aussi uniques. J’ai eu de nombreux débats houleux, parfois pénibles ; j’ai travaillé pour plusieurs groupes politiques. J’ai tâché de me montrer curieux et de me battre contre deux fléaux qu’on voit fleurir ci et là dans ces milieux : la malhonnêteté et le mépris.

Toujours je me suis dit que j’étais assez privilégié pour ne pas avoir personnellement besoin de la politique : mon sort ne dépend que bien peu de l’issue de telle ou telle élection. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Jean Jaurès disait : “A celui qui n’a plus rien, sa patrie est son seul bien.” Voilà quelque chose de très beau à quoi je souscris pleinement, et je crois que c’est en écoutant ces gens qui n’ont que la France que la politique s’honore, et en tâchant de les assurer qu’ils sont entendus. Qu’ils ont voix au chapitre.

Je garde en tête que chaque électeur veut résoudre un problème différent avec son bulletin de vote, et ça m’aide à ne pas me perdre en jugements ni en colère. Je n’ai peur que de la violence, c’est pourquoi j’essaie de la chasser de mes mots et de mes gestes.

Que chacun vote et accepte le vote des autres, et peut-être que ça ira.

Sans doute, ça ira.

Solal

PS : le Bébête Show, ça ressemblait à ça.

PPS : sinon le livre, ça avance bien haha


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